Ce livre est écrit par un artiste prolifique, caricaturiste et écrivain du 19e siècle, Albert Robida (1848-1926). Dans ce livre publié en 1883, il imagine avec humour la vie quotidienne du futur.
Nous sommes dans un Paris futuriste et imaginaire de septembre 1952. Un univers avec des maisons de 18 étages où l’on prend l’aéronef omnibus, l’aéro-cars, ou les trains tubes électropneumatiques qui rappellent l’hyperloop d’Elon Musk.
Dans sa prédiction, les villes s’étirent vers le ciel. On y trouve également des “maisons tournantes aériennes”, un “nuage palace” et des “restaurants aériens”.
Dans cette ville du futur, tout fonctionne à l’électricité. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque de la parution de l’ouvrage, le contexte est à l’électro-mania et cette nouvelle source d’énergie élargissait le champ des possibles et promettait une vie nouvelle et grandiose. Entre les devantures des grands magasins, les jeux électriques…, l’abondance d’électricité est telle qu’elle permet d’effacer la distinction entre le jour et la nuit.
Robida aborde aussi sa vision de l’alimentation au vingtième siècle. Pour lui, la nourriture est assurée par un abonnement à des entreprises comme la Compagnie nouvelle d’alimentation qui fait parvenir les repas par tuyaux. Que de soucis évités pour la maîtresse de maison et plus besoin d’une cuisinière, tout est assuré par une compagnie qui dispose de moyens énormes pour fournir une cuisine fine, délicate et variée. Par exemple, on apprend que la Compagnie nouvelle d’alimentation possède de gigantesques rôtisseurs qui font rôtir 20 000 poulets en même temps et de 2 grandes marmites en fonte, contenant chacune 50 000 litres de bouillon.
Nous y trouvons aussi des inventions d’objets familiers, comme le téléphone où ses usages sont permanents et multiples, et surtout le téléphonoscope “le télé”qui est le stade suprême des télécommunications. Il peut diffuser des images d’actualité, des pièces de théâtre (il est même rétrospectif c’est-à-dire qu’on peut voir d’anciennes pièces où jouent des acteurs disparus depuis longtemps), de suivre des cours et même discuter avec ces proches (une TV avant l’heure avec une option visioconférence !).
Mais son côté visionnaire va plus loin, il prédit une évolution de la société et des mœurs. L’éducation, pour commencer, y est exclusivement pratique avec des mathématiques de la physique ou du droit au détriment d’autres matières comme le cours de littérature. Celui-ci est concentré au maximum (“les vieux classiques sont maintenant condensés en 3 pages”) et les auteurs condamnés à être résumés en un quatrain mnémotechnique car “a notre époque affairée, il faut des auteurs rapides et concentrés”. Voyons ce que ça donne avec l’auteur de l’Iliade, Homère :
Dans cette vision nous ne pouvons nous empêcher de penser à tous ces livres actuels qui proposent des anthologies, des condensés ou des synthèses d’une matière précise. Car désormais, avec notre monde connecté, surinformé et pressé, nous voulons aller à l’essentiel et ça Robida l’a bien prédit.
En outre, autre évolution de taille, la condition des femmes. Dans l’ouvrage celles-ci ont “conquis tous leurs droits, elles ont forcé toutes les portes…(…) Toutes les carrières sont ouvertes maintenant à l’activité féminine : commerce, finance, médecine…”
Pour autant, Robida n’était pas un devin, le caricaturiste a tout simplement amplifié toutes les obsessions de sa société contemporaine. Au lieu de reproduire les progrès et mutations de son temps, il a donné un prolongement à celles-ci dans des limites qui à l’époque paraissent absurdes. Mais il se trouve que dans certains cas, le futur lui a donné raison.
Sources :
- Le vingtième siècle d’Albert Robida – Gallica Bnf (Bibliothèque nationale de France)
- Robida infos : http://www.robida.info/documents/oeuvres_maitre_anticipation/texte_maitreanticipation.html